Analyse-Livres & Culture pour tous
25 Février 2019
Dans le roman de Bosco, l'âne Culotte, l'ouverture de ce paradis est un fait voulu par son propriétaire. Il fait tout pour attirer un enfant qu'il a choisi.
repères : thème du jardin : l’étude
Dans l'article précédent, nous avons vu que dans le jardin des Finzi-Contini de Bassini, c’est le contexte de l’action qui conduit à l’ouverture du parc. La situation est bien différente dans le roman, l'âne Culotte de Bosco : l’ouverture du Paradis ne se fait pas sous le pression des évènements. Au contraire, cela fait même partie d'un dessein déterminé.
Il manque à un monsieur Cyprien un élément pour parachever son œuvre, entre le végétal et l’animal, il a besoin d’un héritier putatif digne de veiller sur sa création. Il comprend que ce jardin sublime doit en effet lui survivre. Et pour cela, il recourt à une élection qui ne doit rien au hasard, mais à un choix précis.
Il se reconnaît ainsi dans Constantin Gloriot ; il l’examine, le jauge et l'élit :
« 15 avril. Il me faut l’enfant.
J’ai voulu le voir de près aujourd’hui. … J’ai pu me cacher tout à mon aise, derrière un boqueteau de chênes, près du pont…
Un petit air de sauvage.
Son visage est court, fermé. Tout y décèle la passion. Parfois, il se crispe, comme griffé par une souffrance intérieure ; et puis il se détend naïvement.
Entre les yeux et la petite bouche pure, flotte une puissance animale. Elle m’a frappé. Elle apparaît quand la figure est immobile.
Un sang noir. Je connais ce sang, le mien. Il coule aussi dans le corps des bêtes.
Cet enfant doit être sensible aux Prestiges des Charmes… » ( Journal de monsieur Cyprien, page 185)
Monsieur Cyprien décide de faire venir Constantin par l’intermédiaire de l’âne Culotte. Comme pour une cérémonie initiatique, il a tout organisé. Il a préparé la branche d’amandier et l’encens exotique. C'est alors que le vieil homme consacre Constantin et le choisit comme son nouveau messager avec pour mission d’offrir au monde ces deux végétaux sortis tout droit du Paradis. Il ne sait pas encore que cela va troubler profondément l’assemblée en prière et susciter la convoitise de villageois. Comment imaginer que ces offrandes merveilleuses soient à l’origine des péripéties désastreuses à venir ?
Régnant sur sa création, monsieur Cyprien se borne à attendre le retour de son héritier qui malheureusement ne vient pas... Il constate cependant que le domaine de Fleuriade est violé à plusieurs reprises par une jeune villageoise intriguée et fascinée par ce paradis terrestre. Sans le savoir, Hyacinthe court à sa perte. Enfin, lorsque Constantin reprend le chemin des montagnes, ce n’est pas pour contempler le jardin, mais pour commettre un « sacrilège » irréversible…
Repère à suivre : Eden, le prix à payer