8 Janvier 2015
Les évènements survenus au cœur de la rédaction de Charlie Hebdo puis, à Paris, ce jour, laissent à tous un bien étrange sentiment, un mélange de sidération, de tristesse et de colère. S’associant au deuil national décrété aujourd'hui, la Gazette entend rendre -à sa manière- hommage aux victimes d’une noble cause, celle de la liberté, en redonnant la parole à un grand poète, Sully Prudhomme, premier lauréat du prix Nobel de littérature en 1901.
Il interpelle en nous l’être humain et le souci de fraternité qui nous lie les uns aux autres.
Ce « quelque chose de l’homme (qui) a traversé mon âme », cette union nationale, c’est ce qui nous rend plus fort pour résister aux actes barbares mus par l'intolérance….
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Homo sum*
Durant que je vivais, ainsi qu’en plein désert,
Dans le rêve, insultant la race qui travaille,
Comme un lâche ouvrier ne faisant rien qui vaille
S’enivre et ne sait plus à quoi l’outil lui sert,
Un soupir, né du mal autour de moi souffert,
M’est venu des cités et des champs de bataille,
Poussé par l’orphelin, le pauvre sur la paille,
Et le soldat tombé qui sent son cœur ouvert.
Ah ! parmi les douleurs, qui dresse en paix sa tente,
D’un bonheur sans rayons jouit et se contente,
Stoïque impitoyable en sa sérénité ?
Je ne puis : ce soupir m’obsède comme un blâme,
Quelque chose de l’homme a traversé mon âme,
Et j’ai tous les soucis de la fraternité.
Sully Prudhomme
*Je suis homme
http://fr.wikisource.org/wiki/Homo_sum