Analyse-Livres & Culture pour tous
4 Septembre 2014
Repères : carnet de voyage : tour de Grèce
Dans l’article précédent, nous avons abordé les grandes étapes de la guerre du Péloponnèse retracée par Thucydide. Voyons aujourd’hui ce qui fait la réputation de Sparte : son éducation.
Il s’agit d’une éducation sans faiblesses qui débute dès l’arrachement de l’enfant à sa mère, qui se poursuit dans l’enfance avant l’enrégimentement dans l’armée.
Voici le programme éducatif mis en mot par Xénophon :
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« Au lieu de ménager la délicatesse des pieds, il a proscrit la chaussure, persuadé que, grâce à cette habitude, les enfants graviraient plus facilement les hauteurs, descendraient plus sûrement les pentes, apprendraient à bondir, à sauter, à courir nu-pieds plus lestement en s’y exerçant, qu’en étant chaussés. Au lieu de les amollir par des vêtements, il jugea convenable de les accoutumer à porter le même toute l’année persuadé que c’est le meilleur moyen de les endurcir au froid comme au chaud.
Il a réglé les repas communs, de manière à ce que les garçons ne puissent se charger l’estomac par la surabondance des mets, et à ce qu’ils ne soient pas pris au dépourvu quand il faut se priver, certain que des hommes habitués à ce régime pourront mieux, au besoin, supporter à jeun les fatigues, et que, sur un ordre, ils vivront plus longtemps de la même ration, auront moins besoin d’aliments, et trouveront toute nourriture à leur portée. Il croyait également que les aliments qui rendent sec et nerveux sont d’une meilleure hygiène et plus favorables à l’accroissement du corps que ceux qui produisent l’embonpoint.
Cependant, afin qu’ils n’eussent pas trop à souffrir de la faim, il leur a permis, non pas de se procurer sans peine ce dont ils auraient besoin, mais de voler ce qu’il leur fallait pour satisfaire leur appétit. Et ce n’est pas faute d’autres moyens qu’il leur a permis de s’ingénier à trouver ainsi leur subsistance ; personne, j’en suis sur, ne le met en doute. Mais il est clair que celui qui veut voler doit veiller la nuit, ruser le jour, tendre des pièges, mettre des gens au guet, pour se procurer quelque aubaine. Or, il est évident que Lycurgue voulait rendre les enfants plus adroits à se procurer le nécessaire, plus propres à la guerre, en les dressant à ces manœuvres. Mais, dira-t-on, pourquoi, s’il a fait un mérite du vol, a-t-il imposé une bonne correction au voleur pris sur le fait ? À cela je réponds que, dans toutes les autres parties de l’éducation, les hommes punissent le délinquant. Ici donc on punit les voleurs pour avoir mal volé, et une autre instruction à retirer de là, c’est que, où il faut de l’agilité, l’indolent n’arrive à rien tout en se donnant beaucoup de peine. Enfin Lycurgue, en présentant comme un bel acte de recevoir de nombreuses meurtrissures devant l’autel d’Orthia, a par là même prescrit aux enfants de s’y faire flageller par d’autres, et il a voulu montrer qu’on peut, au prix d’une souffrance de peu de durée, acheter le plaisir d’une gloire durable ».
Gouvernement des lacédémoniens, Xénophon
sources
http://fr.wikisource.org/wiki/Gouvernement_des_Lac%C3%A9d%C3%A9moniens_%28Trad._Talbot%29/02
http://www.e-olympos.com/sparte.htm
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