Analyse-Livres & Culture pour tous
1 Août 2014
Repères : carnet de voyage : tour de Grèce
C'est l'Odyssée qui évoque, mais de manière rapide, la ruse qui a permis aux Achéens de mettre fin à ces dix ans de guerre, et les retours d'Agamemnon et de Ménélas dans leur patrie.
Au chant IV, Télémaque, parti à la recherche de son père, se rend auprès de Ménélas qui lui raconte comment Hélène, approchant du cheval, se mit à appeler chaque chef achéen en imitant la voix de sa femme, et comment Ulysse empêcha les guerriers de répondre.
Au chant VIII, Ulysse, chez les Phéaciens, demande à l’aède de chanter "l’histoire du cheval " : "Il dit comment les Grecs avaient pillé la ville,/se répandant hors du cheval, quittant le piège creux ;/comment chacun avait saccagé sa part de la ville" (514-516). Enfin au chant XI, Ulysse aux Enfers parle à Achille, de l’ardeur au combat de son fils Pyrrhus et de sa présence dans le cheval de Troie à ses côtés.
C’est surtout dans l’Enéide que nous pouvons retrouver en détail le subterfuge des Grecs qui feignent d’avoir abandonné le siège et qui laisse un de leurs hommes tromper les pauvres Troyens. Le cheval laissé à l’extérieur de l’enceinte est rempli d’héros grecs prêts à en découdre à l’intérieur de Troie. Pour l’heure, ils doivent faire silence…
Voici par les mots de Virgile, le récit que fait Enée, rescapé du massacre perpétré par les Achéens :
***
« Nous croyons que le vent les remporte à Mycènes.
Enfin nous respirons ; enfin, après dix ans,
Ilion d’un long deuil affranchit ses enfants.
Le libre citoyen ouvre toutes ses portes,
Vole aux lieux où des Grecs ont campé les cohortes.
On aime à voir ces champs témoins de nos revers,
Ces camps abandonnés, ces rivages déserts.
De cent fameux combats on recherche la trace :
Ici, le fier Pyrrhus signalait son audace ;
Là, le fils de Thétis rangeait ses bataillons ;
Ici c’était leur flotte, et là leurs pavillons.
Plusieurs, pressés au tour de ce colosse énorme
Admirent sa hauteur, et sa taille, et sa forme.
Thymète le premier, soit lâche trahison,
Soit qu’ainsi l’ordonnât le destin d’Ilion,
Des Grecs favorisant la perfide entreprise,
Dans nos murs aussitôt prétend qu’on l’introduise.
Mais les plus éclairés, se défiant des Grecs,
Veulent que, sans tarder, ces présents trop suspects
Soient livrés à la flamme, ou plongés dans les ondes,
Ou qu’on en fouille au moins les cavités profondes.
Le peuple partagé s’échauffe en longs débats,
Quand de la citadelle arrivant à grands pas,
Laocoon, qu’entoure une foule nombreuse,
De loin s’écrie : « O Troie ! ô ville malheureuse !
Citoyens insensés, dit-il, que faites-vous ?
Croyez-vous qu’en effet les Grecs soient loin de nous,
Que même leurs présents soient exempts d’artifice ?
Ignorez-vous leur fourbe, ignorez-vous Ulysse ?
Ou les Grecs sont cachés dans ces vastes contours,
Ou ce colosse altier, qui domine nos tours,
Vient observer Pergame ; ou l’affreuse machine,
De nos murs imprudents médite la ruine.
Craignez les Grecs, craignez leurs présents désastreux :
Les dons d’un ennemi sont toujours dangereux ».
Il dit ; et, dans le sein de l’énorme machine,
Lance d’un bras nerveux sa longue javeline :
Le trait part, siffle, voie, et s’arrête en tremblant ;
La masse est ébranlée : et dans son vaste flanc,
De ses concavités les profondeurs gémirent.
http://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99%C3%89n%C3%A9ide_%28trad._Delille%29_-_II
Virgile a choisi un Troyen pour sujet de l’Eneide, ouvrage qui retrace lui-même les origines de la fondation romaine dans le Latium. Le tour de Grèce ne pouvait que nous mener à la civilisation romaine….
Repères : la guerre de Troie, source d’inspiration infinie