Analyse-Livres & Culture pour tous
28 Mai 2014
Repères : thème de la vieillesse : le bac expliqué à ma fille (feuilleton)
Ecoutant un lied de de Mahler, Zita Leroux, élève au lycée international de Londres, sortit son crayon de papier et commença à plancher sur le thème de l’année du baccalauréat, option art : la vieillesse et sa représentation. L’épreuve consistait en une monographie convoquant l’histoire de l’art mais également en un examen attentif des différentes techniques anciennes et modernes utilisées pour représenter le dernier âge de la vie. Les élèves se devaient de rechercher une problématique précise. Ses coreligionnaires avaient poussé des cris d’orfraie. « Pouah ! Le sujet est pathétique ! » avaient dit les uns, « le thème manque cruellement de glamour ! » disaient les autres ! En classe, on s’entendait pour détester l’orientation décidée par l’établissement. « Ils n’y connaissent rien ! » concluait-on.
La vieillesse les mettait en réalité fort mal à l’aise, mais il n’y avait pas un jeune qui aurait pu l’admettre volontiers. On ne pouvait leur reprocher cette injustice, la société dans laquelle ils évoluaient faisait montre d’un aveuglement têtu en privilégiant l’éternelle jeunesse. Comment pourrait-on leur en vouloir, lorsque leurs parents semblaient si perméables aux messages lancés dans toutes les campagnes publicitaires ? «Sus aux altérations de l’âge et aux maladies » ! « Néolifting ! Moi, je choisis le soft en matière esthétique » ! « Bien dans sa peau, dans son âge ! » lequel est tout sauf son âge véritable ! Le message semblait parfaitement assimilé auprès d’une population aisée urbaine. Le rapport avec son corps semble moins préoccupant lorsqu’on est en prise directe avec la dure réalité existentielle des campagnes dépeuplées.
Dans l’établissement scolaire, Zita Leroux avait souri à l’écoute du sujet qui lui ouvrait une vaste possibilité d’évocations. Elle n’était pas soumise aux tropismes de ses contemporains. La maturité et la sensibilité de la jeune fille lui faisaient prendre le contrepied exact de ses condisciples. Elle aimait en effet poser son regard bleu velours sur les personnes âgées, échanger avec elles, se sentir disposée à écouter leur histoire…Elle lisait déjà les livres de Philippe Jacottet et aimait la résonance que procurait ses mots « un homme qui vieillit est un homme plein d’images »* La vieillesse et l’image réunies déjà au cœur de la problématique de l’année !
Ce sujet lui rappelait surtout de manière poignante une personne chère à son cœur, le peintre hongrois Teresa BALAZS, un personnage hors du commun, sa grand-mère…
*A la lumière d’hiver, Philippe Jacottet
Repères à suivre : le feuilleton (2) : un fragment incandescent