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Analyse-Livres & Auteurs-Culture

Un nouvel activiste dans la famille (3)

 

Repères : thème de l’industrie : le bac expliqué à ma fille :

L'influence de l'oncle Théo

Les nouvelles convictions altermondialistes du jeune Léo ne furent pas du goût de sa famille. On craignait que l’histoire ne recommence, la rupture avec le milieu, les vêtements négligés, la barbe de Jésus. Frédérique Rousseau, sa mère, n’était pas prête à voir son fils suivre les brisées de son frère, l’enfant gâté de la famille. Elle en voulait à ce dernier d’avoir corrompu le cœur de son enfant. En famille, on ne craint pas l’emphase. Mais la mère ne voulait pas gérer le problème comme ses propres parents. Ces derniers avaient totalement surréagi avec leur petit-fils. La colère, les menaces, le cocktail explosif qui fait voler en éclat la concorde familiale. La réponse ne se fit guère attendre : Léo cessa purement et simplement de leur parler ; ils sont décidément trop « vieux » ! Il restait encore poli…

Finement, Frédérique Rousseau décida de le laisser dire et l’écouta avec patience. Elle avait pour objectif de garder le contact coûte que coûte. De son côté, son fils ne se détournait pas d’elle d’autant qu’il avait besoin en réalité de tout son soutien : sa situation à l’école devint plus que problématique. Dès janvier, on nota les changements de comportement de l’élève modèle ; celui-ci devint un brillant contestataire. Frédérique fut rapidement  convoquée par le professeur principal fin janvier. Puis ce fut le proviseur qui, au mois de février, chercha à la joindre au sujet de tracts politiques distribués dans l’enceinte de l’établissement. La mère plaida la cause de son enfant, parla d’égarement passager, de folie de la jeunesse. Elle en trembla intérieurement. Jamais elle n’invoqua le nom de son frère, Théo Favre, qui bénéficiait d’une certaine notoriété dans les médias. Fort heureusement, la différence de patronyme plaidait en sa faveur. Quelques jours d’exclusion du lycée pour le mauvais sujet.  Frédérique Rousseau s’interdit de culpabiliser son fils. Elle lui exprima uniquement son ressenti de mère comme elle l’avait appris dans ses manuels de discipline positive. En son for intérieur, elle redoutait pourtant le pire. Celui-ci arriva…

Le jeune garçon expérimenta en effet les thèses de son oncle en se lançant à cœur perdu dans des manifestations interdites sur la place Bellecour au mois de mars 2013. Les réseaux sociaux furent un vecteur essentiel de convocation d’une jeunesse hétérogène sur la grande place lyonnaise. Il y eut en effet de vrais altermondialistes tout comme de vrais casseurs bien décidés à repartir les mains pleines. Le centre-ville fut en ébullition ; la police procéda à des arrestations. Dans le fourgon de la police, il se sentit l’âme en joie. Son oncle serait fier de lui. « Révolutionnaire, un jour, révolutionnaire toujours ! » Il apprit à ses dépens qu’il avait peut-être parlé trop vite….

 

Le temps de la réflexion

Arrivé au poste, Léo trouva que l’accueil laissait à désirer. Son séjour au commissariat l’ébranla fortement. Le jeune garçon se trouvait pour la première fois appelé à répondre de ses actes. La révolution perdait en quelques heures de sa poésie et de son charme à la lueur des néons des salles d’interrogatoires. Il faut dire qu’on aima se payer le fils de bonne famille en rébellion contre son milieu. Il n’eut droit à aucun passe-droit, bien au contraire. On lui reprocha la responsabilité d’une réunion publique non autorisée ayant entraîné de la violence et des dégradations matérielles importantes. En garde à vue, il eut le temps de penser à son avenir et à son baccalauréat du mois de juin prochain. Il réfléchit à l’option qui s’ouvrait à lui, la révolution altermondialiste à la Théo ou le bac en poche.

Sa mère vint le chercher au commissariat en adoptant la même attitude positive à laquelle elle s’accrochait. Le bateau prenait l’eau. Frédérique Rousseau lui demanda de bien réfléchir à la voie qu’il empruntait. Le jeune garçon, accroché à sa mère, son seul soutien, l’écouta. Elle lui dit qu’il aurait bien le temps de se rebeller contre le système. Elle exposa que Théo avait bien tout quitté à trente-cinq ans. L’adolescent comprit la leçon. Il se donna vite bonne conscience en se faisant un devoir de réviser à l’approche de la session de juin qui approchait…

Repères à suivre : la désindustrialisation de l’Europe, causes et conséquences. (4)

 

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