Analyse-Livres & Culture pour tous
31 Mars 2014
Repères : thème de l’île : feuilleton
Il a été indiqué dans l’article précédent qu’Audrey, élève de terminale L, nouvellement arrivée, doit s’intégrer dans un groupe pour satisfaire aux exigences des travaux personnalisés encadrés (TPE). Ayant toujours éprouvé de grandes difficultés de socialisation, elle doit dépasser sa répugnance. Elle repère deux élèves qui selon ses critères -très personnels- pourraient travailler avec elle. Le groupe enfin constitué s’accorde à vouloir traiter du thème de l’île. Elles portent leur choix sur la Grande-Bretagne. Il reste désormais à définir une problématique précise : c’est à cette occasion que la personnalité dominatrice d’Audrey se fait jour au grand dam des deux autres élèves. Elle impose son sujet, « en quoi la Grande-Bretagne est-elle encore une île ? », qui ne plaît guère aux autres élèves qui cèdent néanmoins devant l’ascendant considérable que prend la jeune fille.
***
Une opération de manipulation
Les six mois de TPE montrèrent les difficultés de l’exercice. Le trio fonctionnait mal en vérité. Les séances ne se déroulaient guère dans une franche harmonie. Mais ce n’était pas manifestement du côté d’Audrey que les choses semblaient se tendre. Non ! Les frictions eurent lieu entre les deux anciennes meilleures amies du monde, Félicie et Manon. Qui l’aurait cru ? Audrey sûrement ! Cette dernière tirait en effet les ficelles de cette mésentente qui était en réalité savamment orchestrée. Redevenue douce comme un agneau, elle menait en sous-main un jeu pervers. Elle jouait en effet le rôle de la « bonne copine » qui divise pour mieux régner ; les deux autres n’y virent que du feu alors qu’elles étaient totalement instrumentalisées. La manipulation consistait à rapporter à l’une des propos que l’élève retorse avait suscités dans la bouche de l’autre. Le feu était ainsi attisé en permanence. Audrey sut ainsi tirer profit de la consumation de leur amitié. Cela entrait dans ses vues. Les deux anciennes amies finirent par se détester cordialement, rendant les séances sous haute tension. De l’extérieur, on voyait la pauvre Audrey se débattre seule avec cette difficulté qu’elle avait créée artificiellement de toute pièce. Elle n’en perdait néanmoins pas l’objectif final : la remise du travail.
Un travail non défini…
De ce côté, on pouvait noter qu’il avançait notablement : l’orgueil de l’une rivalisant avec celui de l’autre. Audrey était assez heureuse de l’émulation entre les deux nouvelles ennemies alors qu’elle n’effectuait elle-même rien de tangible. Elle se bornait à être en réalité l’arbitre recueillant le travail réalisé par les deux élèves. Ce rôle lui convenait bien. Nul ne sut voir clair en son jeu, ni ses coreligionnaires visiblement tout occupées à se haïr, ni ses professeurs auxquels elle servit son numéro empreint de flagornerie.
Après la remise du rapport, il restait à finaliser la fiche synthèse dans laquelle, en véritable perverse, Audrey exposa -sans honte- les dissensions dans le groupe. Cela lui permit de se ménager de manière fort opportune les faveurs du jury devant lequel elle chercha à faire impression ; Félicie et Manon eurent -comme elles le dirent plus tard- l’impression d’être carbonisées en plein vol…
Ces dernières décidèrent de ne plus jamais s’adresser la parole à l’issue de l’oral où elles recueillirent une note pour le moins moyenne, 13, qui sanctionnait leur division durant les TPE. Le fruit de leur travail permit au contraire à Audrey d’obtenir un 20.
Lorsque la gloire ne rime pas avec la morale….
M.Aragnieux