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Analyse-Livres & Auteurs-Culture

Les athlètes de La grande course de Flanagan (McNab) (2)

Repères : thème du sport : l’étude

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 La grande course de Flanagan : les personnages principaux

Résumé : dans l’article précédent, nous avons indiqué que le sujet de l’étude s’articulait autour du caractère épique du sport au travers des deux livres suivants :

- La grande course de Flanagan de Tom McNab, roman publié en 1982,

- Courir de Jean Echenoz, roman publié en 2008,

Dans le premier ouvrage, quatre éléments ont permis de nous faire entrer dans l’univers du récit épique : la nature de l’exploit sportif, sa part de rêve, la dimension du spectacle, outre enfin le facteur chance. Il nous reste à faire connaissance avec les personnages principaux de cette course épique.

***
Des gens ordinaires

L’intérêt de ce roman est de mettre en présence des hommes et des femmes ordinaires venus de différents horizons qui vont devenir au fil des kilomètres de véritables héros. Il est temps de les découvrir avant de voir les stratégies mises au point par certains d’entre eux pour gagner la course.

L’essentiel des participants est formé de gens ordinaires que l’appât du gain en ces temps de misère a mené à participer à cette terrible course.

On trouve Hugh McPhail, ouvrier écossais au chômage auréolé de son seul talent de sprinter, ce qui ne le prédestine pas évidemment à gagner cette course de fond. Martinez, paysan mexicain, qui a pour mission de gagner le prix pour sauver de la misère son village. On trouve également Lord Peter Thurleigh, héritier d’une riche famille anglaise, qui se cherche un objectif dans la vie, Kate Sheridan, ancienne danseuse d’un club miteux, Morgan, le leader syndicaliste gréviste qui choisit -poussé par la nécessité-  d’entrer dans l’univers de la boxe clandestine et ses combines. C’est enfin Doc Cole, quinquagénaire, colporteur à la petite semaine de produits-miracles lorsqu’il ne court pas des marathons. C’est le seul athlète expérimenté de cette course. Mais pour ce dernier, le challenge reste inédit et il considère cette épreuve comme la course de sa vie. Tous ces personnages vont se découvrir au fil des kilomètres, après s’être savamment jaugés. Le début de la course voit la mise en place de deux stratégies.

 

Deux stratégies de course

Dès la traversée du désert du Mojave, les participants découvrent la stratégie de leurs concurrents. Certains en équipe décident de courir à un rythme effréné pour démoraliser les autres, quitte à recourir à des produits dopants. Pour d’autres, la technique est tout autre, il s’agit au contraire de tenir sur la durée : ils s’interdisent dès lors de courir trop vite. On voit bien que chacun cherche à trouver son style gagnant. Mais la difficulté de l’épreuve n’épargne personne.

Dès la première étape, on dénombre beaucoup d’abandons sur les routes. Seule la moitié des participants finira la course à New York. Mais il n’y aura pas eu un jour durant lequel l’épreuve confinera à l’exploit. Les quatre-vingt kilomètres quotidiens usent des organismes, les rompent même. Heureusement, cette épopée fait naître une fraternité entre les athlètes. Doc Cole le dit mieux que quiconque :

« Ici, ce qu’on doit affronter, ce ne sont pas les autres ; c’est le désert, les collines, le froid, le vent, le soleil, la neige. Nous sommes tous ensemble contre ça, un peu comme une équipe. Même ces boches, ces chinois saugrenus et toute cette tour de Babel démente. A la fin de la prochaine étape, nous aurons éliminé les jokers et il ne restera plus que les vrais coureurs. Chaque fois qu'un de ces types abandonnera, vous souffrirez. Vous pouvez en être sûrs. » (page 146)

Tous ces athlètes doivent se battre et avant tout contre eux-mêmes, ce qui les rend des héros des temps modernes.

 

Les héros des temps modernes

Toutes ces souffrances, ces blessures, ces pleurs transformeront ces hommes ordinaires en véritables héros des temps modernes. Ils ont tous en commun une chose indicible qui n’a rien à voir avec leur constitution physique mais qui tient plus à leur courage, à leur mental.

Ils possèdent des ressources insoupçonnées qui peuvent les mener à dépasser ce qui est humain. Ils ont tous cette étoffe de champion, ce « fond » (page 67)  reconnaissable à un cri venant du tréfonds de leur âme en plein moment de découragement :

« C’était un gémissement inconscient qui venait du tréfonds de lui-même et suivait le rythme de ses foulées, maintenant courtes et hachées. D’une certaine façon, ce gémissement fut une sorte de métronome sur lequel il pouvait régler sa foulée, mesurer sa douleur. De temps à autre, jaillissaient un son qui venait d’une profondeur plus grande encore, un petit cri qui perçait le gémissement puis s’éteignait. » (page 66)

Doc Cole sera le meneur d’hommes de cette épreuve extraordinaire, dispensant des conseils judicieux et entraînant dans son sillage les partenaires de course en lesquels il a senti la force de vaincre. Ce ticket à plusieurs mettant en commun les primes gagnées leur permettra d’aller jusqu’au bout de cet enfer. Il s’agit d’une course solidaire.

Nous verrons dans l’article suivant que le caractère épique du livre ne se limite pas aux seuls exploits sportifs : la course Trans-América a attisé bien des haines qui vont rendre sa poursuite hasardeuse…

 

Repères à suivre : l’étude : les menaces pesant sur la course

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B
Qui n'appartient qu'aux hommes et aux femmes volontaires, détermines, opiniâtre pour eux comme pour la cause qu'ils adoptent...
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L
Tu as bien ressenti tous les enjeux de cette course unique en son genre. Il ne te reste plus qu'à entreprendre un tel défi....
B
La "grand course" littératus tu me l'as conseillée quand j'ai couru le marathon, j'ai vécu ces 5000 km comme si j'étais tout à la fois coureur, sponsors (l'ode de coca, maxwell ... ), politique, économiste avec émotion, passion, déception, mais surtout avec cette ressource qui n'appartie
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