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Analyse-Livres & Auteurs-Culture

La littérature en mouvement : le déplacement (Mirbeau)

Le thème du mouvement dans la littérature sous-entend en premier lieu la question du déplacement. Retrouvez le récit, sous la plume mordante d'Octave Mirbeau, d'un neurasthénique qui effectue un voyage d'agrément dans les Pyrénées afin de sacrifier à la mode en usage au XIXe siècle.

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Repères  : thème du Mouvement : présentation

Présentation

Débutons notre série d'articles par la définition première du terme mouvement.

Être en mouvement implique de manière effectivement tautologique de se... déplacer.

Déplaçons-nous ensemble en charmante compagnie avec un neurasthénique -autoproclamé- qui effectue un voyage d'agrément dans les Pyrénées afin de sacrifier à la mode.

Un petit chef d'œuvre d'ironie...

Les 21 jours d'un neurasthénique (Mirbeau)

« L’été, la mode, ou le soin de sa santé, qui est aussi une mode, veut que l’on voyage. Quand on est un bourgeois cossu, bien obéissant, respectueux des usages mondains, il faut, à une certaine époque de l’année, quitter ses affaires, ses plaisirs, ses bonnes paresses, ses chères intimités, pour aller, sans trop savoir pourquoi, se plonger dans le grand tout. Selon le discret langage des journaux et des personnes distinguées qui les lisent, cela s’appelle un déplacement, terme moins poétique que voyage, et combien plus juste !... Certes, le cœur n’y est pas toujours, à se déplacer, on peut même dire qu’il n’y est presque jamais, mais on doit ce sacrifice à ses amis, à ses ennemis, à ses fournisseurs, à ses domestiques, vis-à-vis desquels il s’agit de tenir un rang prestigieux, car le voyage suppose de l’argent, et l’argent toutes les supériorités sociales.

Donc, je voyage, ce qui m’ennuie prodigieusement, et je voyage dans les Pyrénées, ce qui change en torture particulière l’ennui général que j’ai de voyager. Ce que je leur reproche le plus aux Pyrénées, c’est d’être des montagnes... Or, les montagnes, dont je sens pourtant, aussi bien qu’un autre, la poésie énorme et farouche, symbolisent pour moi tout ce que l’univers peut contenir d’incurable tristesse, de noir découragement, d’atmosphère irrespirable et mortelle... J’admire leurs formes grandioses, et leur changeante lumière... Mais c’est l’âme de cela qui m’épouvante... Il me semble que les paysages de la mort, ça doit être des montagnes et des montagnes, comme celles que j’ai là, sous les yeux, en écrivant. C’est peut-être pour cela que tant de gens les aiment. »

Les Vingt et un Jours d'un neurasthénique, Octave Mirbeau

http://fr.wikisource.org/wiki/Les_Vingt_et_un_Jours_d%E2%80%99un_neurasth%C3%A9nique/I

repères à suivre : l'escalade (Flaubert)

 

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A
<br /> <br /> Dans la petite ville où j'ai grandi, a vécu Octave Mirbeau et sa maison longe une petite sente baptisée à son nom. Sa grande maison est .... comment dire ... d'une austérité à donner la chair de<br /> poule ! Octave Mirbeau avait peut-être en tête sa triste demeure lorsqu'il a écrit ceci !<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> peut-être...<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> MERCI pour ce charmant partage et moi qui n'aime pas plus la montagne que lui,<br /> <br /> <br /> j'apprécie énormément son ironie ! <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> Octave Mirbeau est décidément à part...<br /> <br /> <br /> <br />